C’est un phénomène qui peut surprendre le nouveau promu : un manager de managers sort d’une certaine manière de la sphère des mortels ordinaires pour acquérir un statut autre. Un genre de « people » d’entreprise, en quelque sorte. Et soyons clairs : ce phénomène est indépendant de sa volonté. Ce n’est que la conséquence logique de sa nouvelle position, de sa nouvelle exposition.
Nouvelle exposition
La distance managériale présente une forme de paradoxe : plus vous êtes haut et plus vous êtes visible dans les détails. L’ascension managériale s’accompagne d’un phénomène de loupe qui amplifie et éclaire vos moindres faits et gestes.
Conséquences ? Quoique que vous fassiez, tout le monde le saura et aura une opinion à ce sujet, en bien comme en mal. Vous trouverez dans cet autre article les difficultés nouvelles que cela pourra susciter pour vous. Vous y trouverez également les avantages que vous pourrez en tirer, mais nous reviendrons sur ce point plus loin.
Rester proche ?
Une tentation pourrait alors être pour le nouveau manager de managers de nier cette ascension et de vouloir rester au plus proche du terrain et de ses acteurs. Cela lui donnerait d’une part un prétexte pour rester au contact de l’opérationnel (voire les deux mains dans le cambouis). Et d’autre part, cela pourrait lui donner l’illusion de rester accessible. En quelque sorte, de limiter ainsi l’effet de loupe décrit plus haut. Deux fausses bonnes idées, bien entendu :
1. Garder les deux mains dans le cambouis peut le rassurer provisoirement. Cela peut lui donner en effet l’illusion de pouvoir encore s’appuyer sur son expertise technique. Mais cela ne pourra à terme que le décrédibiliser. D’autant que la plus grande distance qui s’instaurera de fait avec le terrain le contraindra à une forme accrue de micro-management pour garder une main ou les deux dans l’opérationnel. Sans parler du dommage collatéral que ses interventions sur le terrain, à travers sa seule présence, feront subir à ses n-2 : une pression très importante.
2. Prétendre rester proche et simple alors qu’on acquiert, qu’on le veuille ou pas, une dimension iconique peut vite paraître ridicule. A l’image de ces nouveaux managers qui, en toute bonne foi, espèrent faire encore partie des cercles de confidences auxquels ils appartenaient autrefois. Ou de ces parents qui essaient à toute force de jouer aux « copains » devant les amis de leurs enfants adolescents. Cela part sûrement d’une bonne intention mais cela n’empêche pas le résultat d’être le plus souvent catastrophique.
Assumer sa nouvelle position de manager de managers
L’issue est d’assumer sa nouvelle position, sa nouvelle hauteur de vue et d’action et d’en faire bénéficier vos équipes. Car la célébrité et l’icônisation, même si non souhaitée, vous ouvrent de nouvelles voies d’action.
Vous trouverez quelques pistes à ce propos dans cet autre article.
En conclusion
En conclusion, je vous invite à ne surtout pas sous-estimer le changement de posture que votre nouvelle fonction de manager de managers va vous amener à adopter. Il est curieux de voir que dans beaucoup d’entreprises, le passage de contributeur individuel à manager est une transition plus accompagnée que celle de manager de proximité à manager de managers.
Le premier passage est une transition de carrière prise suffisamment au sérieux pour justifier un accompagnement, que cela soit sous forme individualisée (coaching de prise de poste) ou collective (formation). Le deuxième n’est parfois perçu que comme un simple ajustement d’une position déjà acquise. Une erreur de jugement qui peut poser problème voire mettre en danger les nouveaux managers de managers.