Comme nous l’avons vu dans un autre article, accéder au statut de manager de managers a des conséquences loin d’être anodines sur vos relations avec vos collaborateurs.
Que vous le vouliez ou non …
Toutes vos erreurs deviennent visibles
Pas la peine de chercher à les cacher sous le tapis. Vos erreurs ont bien trop d’ampleur à présent et le tapis bien trop petit pour les masquer. Il ne vous reste en synthèse que deux options :
La première est de prétendre les cacher malgré tout, avec tout ce que cela comporte de ridicule, de décrédibilisation et de mauvaise foi affichée. Et comme vous restez « le boss », vous prenez en plus le risque que personne ne vous le dise en face.
La deuxième est de les assumer au grand jour. Cette option alternative vous rendra évidemment plus humain et plus crédible au regard de vos équipes. Et elle vous donnera également l’occasion de poser un acte managérial fort en donnant l’exemple.
Quoique vous fassiez, cela sera su, vu et interprété
Oui, c’est un peu la mort de votre vie privée que j’annonce là. Tous vos actes, même les plus anodins, se pareront soudain d’une aura nouvelle et seront des sujets de choix lors des pauses café. Vous avez croisé un de vos n-2 en faisant vos courses samedi dernier ? N’ayez crainte, à 10h, le lundi suivant tout un chacun connaîtra par le menu le contenu de votre caddy. Vous n’aurez même plus besoin d’alimenter les réseaux sociaux …
Tous vos dérapages en entreprise seront autant de permissions données à vos collaborateurs
L’exemplarité est essentielle dès lors que vous avez accepté votre premier poste de management, mais le devient encore plus lorsque vous montez d’un cran dans la hiérarchie. Vous vous donnez le droit d’être directif et arbitraire lors de vos réunions d’équipe ? Sachez que bientôt les managers de votre équipe se donneront probablement le même droit avec les leurs.
Vous recevrez difficilement des retours de vos équipes
Inatteignable, je vous dis. Vous devenez intouchable, iconique, éthéré. Vous n’appartenez plus au commun des mortels, vous devenez un symbole. La moindre anecdote vous concernant prend soudain de l’intérêt, et dans le même temps vos collaborateurs songent beaucoup moins à vous faire des retours sur vos manières de procéder. Entendons-nous bien : je n’induis même pas qu’ils aient peur de vous en faire, mais bien qu’ils n’y pensent même plus. Il vous faudra mettre en place de nouvelles manières d’en obtenir.
Et d’un autre côté …
Mais tout n’est pas noir au pays de la surexposition. Une fois celle-ci intégrée, de nouvelles possibilités s’offrent à vous :
Vous disposez d’une tribune d’expression et d’une influence inédite
Bien sûr, il y a de gros avantages à occuper une position aussi visible. Un des plus importants est peut-être votre nouveau statut d’influenceur public. L’impact de vos prises de position sera démultiplié par l’effet de levier dû à la distance. Toutes les grandes causes en ont pris conscience : le parrainage de quelqu’un de visible, de célèbre au sens « people » du terme, est essentiel. Il produit un effet très important sur l’opinion publique et sur la désirabilité de la position défendue. Pour le manager de managers, afficher ostensiblement un comportement, un point de vue, la défense d’une valeur donnera à l’objet de son soutien un coup de pouce du même ordre.
Vos pairs ont aussi le statut de manager de managers : ouvrir de nouvelles portes
Assumez votre nouvelle position, et sans pour autant renier vos anciennes relations, faites-vous de nouveaux contacts dans votre « nouveau monde ». Ces nouveaux contacts serviront vos projets, bien entendu, mais encore plus ceux de vos équipes : sponsors, facilitateurs, promoteurs sont d’autant plus puissants qu’ils sont haut placés dans la hiérarchie.
En conclusion : tel l’Albatros …
En synthèse, vous voilà, depuis votre promotion, à l’image de l’Albatros de Baudelaire. Vos ailes de géants vous gêneront lorsqu’il s’agira d’arpenter le pont du bateau. Mais vous ouvriront des horizons bien plus larges si vous apprenez à vous en servir.