Ne pas généraliser à outrance la dimension interculturelle …
Lorsque l’on aborde la question interculturelle, il vaut mieux se méfier des clichés et des généralités, certes. Mais nous restons au pays de Descartes et notre cadre de référence s’accommode volontiers de quelques trucs et astuces généraux.
Dans un esprit de partage et de co-construction, je vous propose quelques principes et expériences qui pourront vous être utiles.
… Mais un peu quand même
Ainsi, si les prendre au pied de la lettre peut s’avérer inadéquat, il reste important de connaître dans les grandes lignes l’un ou l’autre modèle de différentiation interculturelle. Hofstede ou Lewis en sont de bons exemples. Ces modèles permettent ne serait-ce que de sensibiliser à l’existence de telles différences.
En préparation d’un déplacement ou d’un séjour, il peut être également important de connaître, toujours dans les grandes lignes, les caractéristiques culturelles de la zone visée. Cela limitera les effets de surprise. Mais quelque soit la quantité d’information absorbée avant de partir, n’oubliez pas de garder ce regard candide et curieux qui sera votre meilleur atout pour éviter de commettre des impairs ou pour en limiter la portée.
Vous ne serez pas les premiers …
En complément de cette préparation à tonalité « académique », il peut être intéressant de dédramatiser les situations auxquelles vous allez être confrontées. Si impair il doit y avoir, vous ne serez pas le premier ni le dernier à en commettre. N’hésitez donc pas à vous remémorer les perles les plus célèbres ou marquantes en la matière. Certaines sont linguistiques (la couverture médiatique nord-américaine du « Ich bin ein Berliner ! » de Kennedy*, ou l’acteur Fernandel regrettant, à son arrivée à Montréal, d’avoir dû « laisser les gosses à la maison »**, par exemple), ou comportementales (la toile est pleine de telles anecdotes).
L’histoire et les contes plutôt que l’actualité
Dans cette lignée relativement informelle, si vous en avez l’occasion, il peut être également payant de connaître les mythes fondateurs d’une culture donnée, ou quelque exemple de contes.
Je garde en mémoire ma première intervention en Iran, en 2006, alors même que se jouait les prémices de la crise du nucléaire iranien. L’atmosphère était plus qu’électrique, et établir la nécessaire relation de confiance avec les participants s’avérait quasiment impossible. Illustrer mes propos par les histoires burlesques du Mollah Nasreddin, personnage emblématique de la culture perse, a fait des miracles. Je n’étais plus l’occidental suspecté d’être hostile et hautain, je devenais un visiteur curieux et respectueux de leur culture.
Ne fondez pas trop d’espoir sur une bonne connaissance de l’actualité, par contre. Elle ne représente qu’une fenêtre temporelle restreinte et est souvent sujette à polémique. De savoir ce qui se passe peut vous être utile, mais il me parait imprudent de lancer un débat clivant, voire d’exprimer une prise de position.
Les deux sésames
Et enfin ne quittez pas l’aéroport sans savoir dire « bonjour » et « merci » dans la langue locale. Même (voire surtout) si vous prononcez ces mots avec un épouvantable accent étranger : vous susciterez d’emblée un immense sentiment de sympathie en votre interlocuteur en vous positionnant comme un visiteur et non un conquérant.
(*) La presse américaine a longtemps été persuadée que Kennedy avait formulé là une bourde linguistique. Selon les journalistes, il s’identifiait à un beignet à la crème par cette formulation. La seule formulation correcte étant selon eux « Ich bin Berliner » pour exprimer un sentiment d’appartenance à la ville. Ils ont été pris à leur propre piège, les deux formulations étant correctes en langue allemande.
(**) Je vous laisse le soin de trouver par vous-même le sens de « gosse » en québécois.