« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, rien ne se perdrait »
Henri Estienne
Le binôme intergénérationnel n’est pas une idée nouvelle. Il a toujours été au cœur de la transmission de compétences, dans le cadre de l’apprentissage par exemple. C’est en effet une structure permettant aisément de « dupliquer » une compétence. Il était généralement constitué d’un « réservoir sachant » déversant son savoir dans un « réceptacle apprenant ». Les versions plus modernes d’une telle structure offrent souvent bien plus de possibilités, à travers deux évolutions notamment :
D’une part à travers la dimension bidirectionnelle du transfert de compétences. Elle permet de tirer le meilleur parti de ce que les plus jeunes et les plus anciens peuvent s’apporter mutuellement.
D’autre part en assouplissant voire supprimant le rapport hiérarchique entre les deux membres du binôme. Une structure de binôme sans lien hiérarchique encourage en effet les échanges et la co-construction. Les protagonistes se trouvent, dans un sens, contraints de trouver un accord.
Quand avoir recours à un binôme intergénérationnel ? Pour quels résultats ?
Quand votre activité dépend tout ou bonne partie des compétences accumulées par vos employés, notamment. Dans ce cadre, plusieurs de vos contraintes en termes de gestion des ressources humaines plaident pour la mise en place de ces binômes.
Il est en effet important dans ce cas de thésauriser vos compétences. Dupliquer celles qui sont clés (et souvent rares sur le marché) contribue grandement à la sécurité et la pérennité de votre activité. Cela vous rend moins vulnérable aux ponctions que peut opérer la concurrence dans vos rangs. Cela vous protège également des conséquences des départs à la retraite qui ne vont cesser de s’accélérer dans les années à venir.
Par ailleurs, l’accueil et l’intégration des nouveaux arrivants seront grandement facilités par ce genre de dispositifs. Ces derniers seront plus rapidement opérationnels et se sentiront plus vite « chez eux » dans vos murs.
Enfin, il est assez fréquent (même si pas systématique) que l’on observe un certain déséquilibre de la pyramide des âges dans une structure telle que la vôtre. Créer des binômes intergénérationnels créera également du lien entre les différentes catégories d’âge dans vos rangs.
Pourquoi avoir recours à un binôme intergénérationnel ?
Si vous avez déjà essayé de monter de tels binômes, cette question vous paraitra peut-être centrale. Parce que soyons clairs, vous ne vous embarquez pas là sur un long fleuve tranquille. Comme tous les dispositifs réellement performants, construire de tels binômes apporte son lot de tensions et de situations délicates à gérer. Mais au-delà des difficultés premières et des obstacles apparents, c’est une réponse très performante qui vous permet de tirer parti de la complémentarité expérience – énergie.
Comment procéder pour construire un binôme intergénérationnel ?
Plusieurs approches sont possibles, toutes passant par l’accompagnement des premiers pas du binôme. Elles passent également le plus souvent par la montée en compétence du membre le plus expérimenté. Ce dernier gagnera en effet à développer sa posture de tuteur. Apprendre à modéliser son savoir-faire et ses tours de mains par exemple. Ou à transmettre une compétence en partant de l’apprenant.
Contactez-moi pour que nous puissions définir ensemble le dispositif qui conviendra à votre situation, votre besoin spécifique.
Pour votre inspiration, si vous le souhaitez, vous trouverez ci-après un exemple de dispositif en trois temps que j’ai pu proposer dans un tel cas de figure.
1. La posture de tuteur : Transmettre les bonnes pratiques sur le terrain
En pédagogie comme en management, une grande partie de l’efficacité de l’accompagnement repose sur la qualité de la relation entre tuteur et apprenant. Créer les conditions de la confiance, poser un contrat d’accompagnement, construire une séquence de modélisation sont autant de compétences clés que les tuteurs ont besoin de s’approprier
– Modéliser ses propres savoirs-faire, permet de savoir quoi observer chez l’autre quand on accompagne sa montée en compétences ;
– Transmettre ses « tours de mains » et « l’esprit de ses propres pratiques » à partir d’une cocréation. Les bonnes pratiques ne sont pas toujours duplicables en copier/coller de l’un à l’autre. Il faut les adapter à celui qui les reçoit ;
– Partir de l’apprenant pour susciter son attention et son intérêt : savoir observer ses modes opératoires, valoriser ce qu’il réussit bien, l’aider à modéliser ses bons réflexes et à formuler les questions qu’il se pose…
2. Clés de lecture à travers les générations
Dépasser les jugements de valeur pour reconnaître objectivement les différences comme une richesse et un atout, plutôt que comme un sujet d’incompréhension, voire de frustration et d’irritation.
Repérer les leviers de motivation, les modes de fonctionnement caractéristiques de chaque génération. Quelles sont les thèmes classiques d’incompréhension et les erreurs à éviter ?
Comment communiquer efficacement avec les ressortissants des pays Z (éventuellement Y) : quelle est la signification des mots qu’ils emploient ? Comment interprètent-ils votre langue qui leur est partiellement étrangère ?
3. Echange de pratique et partage d’expérience
A l’issue des deux premiers temps, nous convions vos tuteurs à se retrouver à intervalle de temps régulier dans le cadre d’ateliers d’échange de pratique et de partage d’expérience. Au cours de ces ateliers, ils auront ainsi l’occasion de partager leurs vécus, leurs ressentis et ainsi de se sentir moins seuls face aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Un protocole d’échange dynamique et orienté résultat leur permettra de progresser très rapidement dans la co-construction de solutions adaptées à leurs situations.